La danse, intégrée permet aux personnes clouées dans un fauteuil de partager avec des tiers le bonheur spontané du mouvement rythmé.
La danse n' est pas un "produit " de la civilisation, au contraire de ce que l'on pourrait croire. C'est une activité innée que les hommes ont toujours exercée, de manière plus ou moins élaborée. Les enfants réagissent à .la musique et au rythme par des mouvements spontanés. Et, pourvu qu'on ne les brime pas, ils développent cette faculté et ils y trouvent un plaisir sans cesse accru.
La gaucherie ou la maladresse dont nous souffrons parfois au moment de nous élancer ne tient pas àune incapacité fondamentale mais bien plutôt à un système éducatif dans lequel le corps doit être maîtrisé, guindé, soumis à des codes de conduite qui oppriment l'individu sans offrir le moindre bénéfice en retour. Nous envions ceux que nous croyons, à tort, plus naturellement doués que nous, alors que leur aisance tient simplement au fait qu'ils ont grandi dans des sociétés moins policées que la nôtre.
Mais le goût du mouvement et de la danse, dans son acception la plus large, demeure si bien chevillé en nous que le moindre rythme modifie le tempo de notre cœur et met en mouvement, presque à notre insu, l'un ou l'autre de nos membres ."Comme sur des roulettes "
Les personnes qui souffrent d'un handicap moteur ressentent plus que d'autre le besoin de répondre aux sollicitations de la musique. Et cela n'a rien d'étonnant dès lors qu'elles sont entravées dans leur mouvement, privées du plaisir simple et pourtant si fondamental de la déambulation. Chez elles, le goût de la danse n'est pas diminué, mais au contraire exacerbé par les contraintes du fauteuil roulant.
Cette constatation a suscité chez des éducateurs physiques le souci de développer des disciplines adaptées aux besoins et aux limites des handicapés. La danse intégrée fait partie de celles-ci et suscite un enthousiasme considérable. l’exercice suppose évidemment la collaboration d'un partenaire: soit une personne valide capable de mouvoir avec aisance un fauteuil roulant. Un instructeur indique la technique de la danse... sur roulettes.
Ce n'est pas tout à fait simple; mais c'est moins compliqué qu'il n'y paraît. Et au bout de quelques leçons on apprivoise une grande partie des danses de salon, valse comprise. La personne handicapée exploite les ressources physiques dont elle jouit, en principe le haut du corps.
La danse intégrée ne vise pas Seulement à répondre au besoin de mouvement des personnes handicapées - des exercices gymniques y suffiraient. La danse .est une activité sociale et ludique. Elle se fonde sur le partenariat, sur l'échange, sur la complicité. Elle permet d'envoyer et de recevoir des messages qui ne sont pas du ressort de la communication verbale. Et puis, surtout, la danse permet de retrouver au fond de soi une harmonie fondamentale, celle qui réunit les mouvements de l'âme et du corps.
Les cours organisés par l'Ecole- club sont animés par un éducateur physique connu en Suisse romande, Eric Humberset. Un homme aux multiples talents, puisqu’il a pratiqué avec succès la gymnastique de compétition et a décroché une médaille d'or de l' association Swissdance. C'est un formateur connu dans l'ensemble de la Suisse romande. L’homme n'est pas seulement compétent; il est chaleureux et cultive un humour communicatif.
Gino Martelli
PS : La danse procure à tous plaisir et émotion. On peut accéder à ce bonheur même en fauteuil roulant, après quelques cours d'initiation
Parution journal construire no 39, septembre 2003 (Migros valais)